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J’ai eu la chance de partager ce joli Chemin avec ma maman, alias Korki. Cette dernière a eu l’envie de vous dire quelques mots, de partager avec vous son ressenti, je lui laisse donc la place 😊
« Marcher, pour moi, a été du pur bonheur. Des retrouvailles avec moi-même. » Yveline (maman)
C’est qui qu’écrit ?… C’est Korki ! Et oui, encore une fois la dernière !
Moi qui aime écrire, j’ai emporté un petit carnet. Sur le Chemin, aucune envie d’écrire, encore moins de téléphoner: je suis à sec !
Juste me laisser vivre chaque pas, chaque sensation : me remettre en marche, c’est cela, me remettre en marche ! C’est ce qui m’incite à témoigner, ça a marché !!
J’ai envie de dire de toutes mes forces à toutes les personnes qui ont l’idée, l’envie de partir sur ce chemin de Compostelle : allez-y, partez ! Parlez-en à votre conjoint, une fille… une amie, et GO !… le sac à dos… les chaussures…
La graine du Chemin a germé en moi il y a 15 ans, à la Basilique de Vézelay en y croisant des pèlerins en marche, et en foulant les coquilles métalliques sur les pavés de la route qui traverse la vieille cité.
Depuis 2009 j’ai des soucis de santé, qui régulièrement me laissent épuisée et m’ont usé le moral…avec en prime : la peur (à qui aujourd’hui je fais un pied de nez !). Peu à peu je me suis restreinte dans pas mal de choses… Je pensais que je n’étais plus capable, trop fragile, incertaine. Peu à peu je sentais que je m’éteignais, mais je n’avais pas l’énergie, seule, de rebondir.
Et puis les enfants sont rentrés d’Asie avec leur enthousiasme, leurs bouilles lumineuses et épanouies, leurs têtes pleine de projets… Un raz de marée de Vie, de joie, de dynamisme ! Et cette idée lancée : « on va faire St Jacques en Septembre ! »
Ainsi nous voilà au Puy… Pincez moi on y est !
Les premiers jours passent à se familiariser au poids du sac à dos (même léger !) et à la marche tous terrains. Très vite l’intelligence du corps et du Chemin nous prennent. Le rythme s’installe, le balancement du sac à dos sur les hanches, le mouvement du bâton…
J’en prends plein les yeux, plein le cœur, et ça me vide la tête ! Mon corps se remet à avancer et c’est tout mon Être qui se remet en marche, boit la vie tout autour, partout. Un bel enthousiasme jaillit de l’intérieur, une force vitale insoupçonnée me ferait gravir des montagnes… Si si !!!
Avec Aurélie, on rit, on peine, on respire, on s’essouffle, on sue, on grimpe, on descend… on avance ! On fait de belles rencontres, on partage, on rit de nouveau, on bichonne ses pieds et soigne ses bobos, on mange… beaucoup ! On se couche tôt… très tôt ! On dort plus ou moins, et dès les yeux ouverts on veut : » marcher…marcher ! «
Les premiers pas dans la fraîcheur et la lumière matinales ont un goût délicieux de liberté !
On ne connaît pas le chemin à venir, on ne sait pas à quoi ressemble là où on va dormir… On marche !
Les heures coulent, les paysages se déroulent lentement, tout en beauté. On se laisse envelopper par un profond silence.
On écoute les oiseaux, le froissement des feuilles, le bruissement du vent, d’un ruisseau.
On respire la terre, la résine des pins, les fruits des bois… le purin ! Le soleil et l’air sur la peau…
Marcher… marcher !
Je regarde ma fille à mes cotés. On rit, on se tait, on parle, on s’enlace, on s’embrasse !
C’est une explosion de vie et de joie d’être là, ici, maintenant !
Ce que je retiens précieusement :
~ c’est que la Vie est mouvement, que la flamme qui nous anime a besoin d’être nourrie.
~ que quelques fois on a besoin d’une main tendue, et qu’à d’autres moments on peut tendre la nôtre.
~ que l’on n’est jamais trop ou pas assez quelque chose, pour ne pas se lancer dans ce qui nous tient à cœur.
~ que le sac à dos a le poids de nos peurs; le rendre léger pour le départ est notre premier pas ! Pour moi qui partais toujours avec une valise bien remplie, ce fut difficile… très difficile… et angoissant !! Mais finalement, en partant, tout ce dont j’avais besoin était sur mon dos… et je n’ai jamais manqué de rien !! L’essentiel n’est pas encombrant.
~ le fait de changer de lieu chaque jour, de quitter chaque matin les personnes rencontrées la veille inspire le détachement.
~ contre ma peur d’être malade sur le Chemin, j’avais dans une poche du sac à dos une ordonnance, les encouragements, les conseils et le bâton de marche de mon médecin ! Durant notre aventure, j’ai été deux jours fébrile. Avec mon ami Doliprane et la marche, j’ai dépassé la fièvre et la douleur. Je suis confiante pour l’avenir: être mal… voir très mal… c’est une descente plus difficile, pas une fin ! C’est une étape pénible où il faut s’adapter, avoir de la patience, une once de sagesse et… beaucoup d’amour, ce dont je ne manque pas avec tous les petits soleils qui brillent dans mon cœur et que je remercie.
~ sur ce beau Chemin je me suis rendue compte comme j’étais éteinte et comme ces 200 Km à pieds m’ont régénérée. Il ne suffit pas d’exister, il faut vivre. Personne ne peut vivre pour nous, tout comme il est stérile de vivre à travers les autres !
Je rentre en pleine forme, avec des projets pour les 20 années à venir, les pieds sur terre, le cœur plein d’étoiles, l’esprit libre !… Merci !
J’ai les chaussures qui me démangent ! 👣
Ultreia! Ultreia ! E sus eia !
Va plus loin ! Va plus loin ! Et va plus haut !
Alléluia !!! 🙏
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