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VoilĂ . Le moment redoutĂ© arrive: la navette qui nous ramĂšne au Puy-en-Velay. Le retour Ă la rĂ©alitĂ©. Je vais vous raconter cette derniĂšre journĂ©e mais aussi vous partager mon ressenti sur cette belle aventure que j’ai vĂ©cue avec ma maman, Yveline.
Mercredi 26 Septembre: demi-tour, direction le Puy-en-Velay đ
Aujourd’hui, nous avons rendez-vous Ă 13h avec la navette qui nous ramĂšne au Puy-en-Velay. Cela nous laisse la matinĂ©e pour profiter encore un peu de Conques mais aussi de notre amie pĂšlerine Inken qui, elle, continue son pĂšlerinage.
AprĂšs avoir petit dĂ©jeuner et rangĂ© toutes nos affaires, nous dĂ©cidons d’aller faire un tour dans la si jolie abbatiale de Sainte-Foy. Lorsque nous y entrons, nous entendons la voix angĂ©lique d’Inken qui chante. Moment de grĂące et de douceur. Puis maman prend le relais et chante Ă son tour. Que c’est beau ces mĂ©lodies qui rĂ©sonnent dans l’immensitĂ© de cette abbatiale.
Moi aussi je voudrais chanter. Mais je n’y arrive pas. Savoir que l’on pourrait m’entendre me dĂ©range. Je suis frustrĂ©e. Alors je le dis Ă maman qui propose Ă Inken que nous chantions toute les trois un AlĂ©luia. Inken est Ă©videmment partante mais nous propose d’aller chanter dans la chapelle derriĂšre l’abbatiale, oĂč il n’y a personne. Ce qui me convient tout Ă fait ! đ
Nous voilĂ toutes seules, dans cette petite chapelle sombre mais chaleureuse. On s’y sent bien ! On s’assied et maman se met Ă chanter AlĂ©luia, suivi par Inken. J’Ă©coute. J’adore ! Alors je me lance moi aussi đ Puis Inken nous apprend l’AlĂ©luia qu’elle connaĂźt. Et lĂ c’est un moment magique. Un moment trĂšs fort entre nous trois. Une communion. Nous sommes lĂ . Ensemble. Maintenant. Et c’est tout ce qui compte. Je suis profondĂ©ment touchĂ©e. Ămue. C’est beau. Rare. Profond. Larmes aux yeux. Le temps s’arrĂȘte. Merci đ
Nous ressortons de cette chapelle emplies d’une belle Ă©nergie. Pour continuer sur des bonnes choses, maman nous invite Ă boire un cafĂ© en terrasse đ
Ă 11h, il est l’heure pour Inken de reprendre la route. AprĂšs treize jours passĂ©s ensemble, nos chemins se sĂ©parent. Beaucoup d’Ă©motions… mais surtout de gratitude de nous ĂȘtre rencontrĂ©es ! Et puis, quelque chose me dit que nos chemins se croiseront probablement Ă nouveau đ
Merci Inken pour ta joie et ton sourire. Ta bonne humeur contagieuse. Ton AlĂ©luia. Tes questions qui nous font rĂ©flĂ©chir. Tes expressions et tes phrases en Français. Tes cours d’Anglais. Ton soutien. Ta dĂ©licatesse. Tes cĂąlins du matin. Tes siestes sur le bord du chemin et toutes tes pauses. Tes attentions. Pour toutes ces petites choses qui font que nous avons adorĂ© cheminer avec toi. Buen camino my dear â€
Deux heures plus tard, c’est Ă nous de partir. De prendre le bus. Direction le Puy-en-Velay.
Nous sommes heureuses mais aussi un peu tristes. DĂ©jĂ nostalgiques. Tout est passĂ© si vite. Les kilomĂštres ont littĂ©ralement dĂ©filĂ©s. Nous ne les avons pas vu passer. Nous avons l’impression d’ĂȘtre parties hier. Et pourtant… il s’est passĂ© tellement de choses ! Nous ne sommes plus tout Ă fait les mĂȘmes.
Quelle chance ! Quelle chance d’avoir pu donner et recevoir autant sur le Chemin. D’avoir partagĂ© tous ces instants toutes les deux. De beaux souvenirs gravĂ©s dans nos esprits et dans nos cĆurs. Nous sommes infiniment reconnaissantes đ
Ă travers la vitre, nous voyons passer toutes les villes que nous avons traversĂ©es Ă pieds. Mais en sens inverse ! On essaye de deviner quelle sera la prochaine. Impression de remonter le temps. On rĂ©alise tout ce que nous avons parcourus. Ces 200 km… On se remĂ©more des souvenirs. C’Ă©tait vraiment trop chouette ! Et pour tout dire, nous n’aurions pas Ă©tĂ© contre continuer un peu ! C’est que ça vous rendrait presque accro de marcher đ
Nous voyons dĂ©filer les paysages. C’est beau….
…. Mais c’Ă©tait encore plus beau lorsque nous Ă©tions Ă pieds ! Et dire que je pensais ne pas aimer marcher đ
Nous entendons passer Ă la radio des chansons que nous chantions en marchant. Le chemin nous fait des clins dâĆil.
AprĂšs 4h30 de bus nous arrivons au Puy-en-Velay. Ăa fait bizarre. La ville est grande, agitĂ©e et bruyante. Tout l’inverse de ce que nous avons connu ces derniers jours. Il va falloir se remettre dans le bain. Retrouver nos repĂšres.
Nous allons poser nos sacs dans notre hĂ©bergement Airbnb, puis ressortons faire des courses. Puis nous nous cuisinons un modeste dĂźner: Ćufs Ă la coque et quinoa. Ensuite, nous nous lançons un petit film. Un retour tout en douceur dans le monde rĂ©el.
Au moment de faire le lit, nous nous lançons dans une bataille de polochons. Aucune des deux n’a voulu s’avouer vaincue đ Et pour finir… une petite bagarre pour avoir le dernier carrĂ© de chocolat ! maman a gagnĂ©. Je ferai mieux la prochaine fois.
Il est tant de nous coucher… de toute façon nous n’avons plus l’habitude de veiller aussi tard donc nous nous endormons devant la tĂ©lĂ©…
Tchao les p’tits loups đđ
Le bilan de Lilie đ
VoilĂ . Notre aventure est terminĂ©e. AprĂšs tout ça, vous vous demandez peut-ĂȘtre ce que je tire de cette expĂ©rience ? Ce que j’ai appris et/ou compris ?
Je vais vous le dire: j’ai appris Ă vivre avec pas grand chose. Ă avoir ma maison sur le dos. J’ai appris l’humilitĂ© car je voulais faire de grandes Ă©tapes. Mais mon pied m’a dit stop et j’ai dĂ» choisir entre m’arrĂȘter ou continuer mais plus lentement. C’est Ă ce moment que j’ai rĂ©ellement compris le sens d’une phrase que nous entendons bien souvent “l’important ce n’est pas la destination, c’est le voyage“.
J’ai appris Ă ressentir mon corps. Le sentir en mouvement. Vivant. MalgrĂ© la douleur de mon pied, je ne me suis pas arrĂȘtĂ©e. J me suis dĂ©passĂ©e. Cette expĂ©rience m’a fait rĂ©alisĂ© que le chemin de Compostelle est semblable au chemin de la vie, avec ses montĂ©es, ses descentes, ses joies, ses peines, sa mĂ©tĂ©o changeante, ses saisons, ses rencontres… C’est un beau chemin initiatique.
J’ai mis mon Ă©go de cĂŽtĂ© en osant parler en Anglais et me suis rendue compte que je n’avais pas Ă en rougir. J’ai fait de magnifiques rencontres, Ă l’image d’Inken, Laurence, Annie, Mireille, Moustapha et tous les autres qui m’ont offerts des leçons de vie, au moment oĂč j’en avais besoin.
J’ai rĂ©alisĂ© que j’ai une profonde foi en quelque chose, peu importe le nom qu’on lui donne: la Vie, l’Univers, l’Amour, Dieu… Mais j’ai aussi compris que la religion n’est pas faite pour moi: son cadre est trop rigide, elle me paraĂźt austĂšre et formatĂ©e. Ăa m’Ă©touffe. Moi j’ai besoin de souplesse, de joie et d’ouverture !
J’ai dĂ©couvert un peu plus la France et ses paysages magnifiques et diversifiĂ©s. J’ai aimĂ© la lenteur de la marche car elle permet de prendre le temps d’admirer et d’observer tout ce qui nous entoure ! J’ai adorĂ© vivre en harmonie avec la nature: devoir m’adaptĂ© Ă la mĂ©tĂ©o, entendre les oiseaux, ressentir le vent et le soleil sur ma peau, sentir les odeurs de la terre et des arbres…
Et surtout… J’ai dĂ©couvert ma mĂšre. J’ai marchĂ© Ă ses cĂŽtĂ©s. Je l’ai vu cheminer. Je l’ai vu se frotter Ă elle-mĂȘme. Se dĂ©passer. Avancer. Se remettre en mouvement. J’ai retrouvĂ© cette petite Ă©tincelle dans ses yeux. Sa malice. Elle pĂ©tille ! Je l’ai entendu chanter. Chanter AlĂ©luia. Remercier la Vie. Avoir de nouvelles envies. J’ai senti son cĆur s’ouvrir. Ses peurs s’Ă©vanouir. Je l’ai vu rire ! S’Ă©merveiller. GoĂ»ter Ă la libertĂ© et Ă la simplicitĂ©. Je l’ai vu manger comme jamais ! Et y prendre du plaisir. Je l’ai vu se moquer du qu’en dira-t-on et du regard des autres. Nous avons partagĂ© tout ce que nous vivions et ressentions. Nous avons partagĂ© l’instant et l’Ă©ternitĂ©. Je l’ai vu simplement “ĂTRE”. Et elle EST belle et vivante â€
Chanson du Chemin:
đ” Ultreia, Ultreia ! E Suseia !… Deus Adjuva nos đ”
“Courage, allons plus loin ! Courage, allons plus haut !… Dieu nous aide“
Le chemin c’est ça: se dĂ©passer. Aller plus loin. Physiquement et spirituellement. Et “Dieu” (appelez le comme vous voulez) nous aide en mettant sur notre route les bonnes personnes, au bon moment, et en nous offrant de jolis hasards et des rĂ©ponses Ă nos questions. Qu’il est beau ce Chemin đâ€
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