Lac Churup: une rando difficile porteuse de leçons 💪

Si nous sommes venus à Huaraz, c’est pour une bonne raison: nous sommes dans la chaîne de montagnes de la Cordillère Blanche, où il y a une multitude de randos toutes plus belles les unes que les autres à faire ! Après avoir passé 2 journées à Huaraz pour nous habituer à l’altitude (3050m), nous allons aujourd’hui faire une rando dite « d’acclimatation », pour voir le lac Churup. Au programme 7km aller-retour, une ascension de 600m, pour arriver au lac qui culmine à 4450m d’altitude.

Pour avoir un peu plus d’infos, nous avons été à l’office du tourisme hier. La dame qui nous a reçu nous a dit que c’est une marche qui demande 2h pour arriver au lac Churup. Apparemment elle a fait la rando avec son fils de 8ans, donc on comprend que ce n’est pas si difficile. Eh bah encore une fois, on s’est bien fait avoir et « la rando familiale » était en réalité vraiiiiment difficile 😅 Allez, on vous raconte !

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Ce matin, à 8h un mini-van vient nous chercher et s’arrête dans plusieurs hôtels pour récupérer d’autres marcheurs qui vont faire, comme nous, la rando du lac Churup.

Avec Jeff, on est encore un peu fatigués, mais on est motivés pour faire cette rando et voir de magnifiques paysages. D’autant plus que, plus nous nous éloignons de la ville, et plus on se rend compte de la beauté des paysages et des montagnes qui nous entourent.

Le mini-van roule sur les petites routes escarpées, nous donnant un bel aperçu de la campagne andine: des gens qui travaillent dans les champs de bon matin, des cultures de maïs, des moutons, vaches, cochons, ânes qui paissent, etc., le tout avec des montagnes imposantes en arrière plan.

La fenêtre ouverte nous permet de sentir l’air frais et l’odeur d’eucalyptus. Cette odeur nous rappelle la Corse et les moments en famille sur l’île de Beauté.

Les villages que nous traversons sont vraiment petits et constitués de maisonnettes très modestes faites en pierre. Il n’est pas rare de voir un chien faire une sieste ou regarder la vie passer depuis le perron.

Au bord de la route on croise régulièrement des femmes en tenues colorées et portant le chapeau traditionnel, qui attendent le bus.

La musique andine passée à la radio, complète le tableau et finit de nous mettre dans l’ambiance. On est au Pérou !

9h, nous sommes déposés devant le chemin de rando, le chauffeur nous dit qu’il nous attend jusqu’à 15h. On se tartine de crème solaire, on profite du paysage autour de nous…

… et c’est parti pour de la grimpette ! Bon par contre, la nana de l’office du tourisme nous a dit 2h pour monter et là le chauffeur nous dit 3h 🤔 Qui des deux a raison ? On va « vite » le savoir ! En attendant, on attaque et on est vite mis dans le bain car nous commençons avec des marches. Pour faciliter les choses, elles ne sont pas régulières mais, dans la majorité des cas, elles t’arrivent quasiment jusqu’aux genoux. Facile quoi !

On enchaîne avec… des marches, des marches et encore des marches !

Ça fait à peine 30 minutes qu’on est partis et on en peut déjà plus 😅

Bon par contre y’a pas à dire, le paysage autour de nous est magnifique avec ces montagnes impressionnantes, les sommets enneigés que nous pouvons deviner et cette haute cascade qui longe la roche sur plusieurs centaines de mètres.

Après plus d’1h nous arrivons au poste de contrôle où nous nous acquittons des 30 Sols par personne (environ 7€). Puis, c’est reparti pour de la montée, mais cette fois pas d’escaliers, juste un petit sentier.

Le sentier est vite remplacé par des rochers sur lesquels il faut grimper. J’envie Jeff qui a son ami le parapluie pour l’aider à monter.

Comme toujours, je m’arrête pour prendre en photo toutes les jolies petites fleurs que je croise – c’est aussi une bonne excuse pour faire des pauses ahah

On arrive à un passage où il faut s’accrocher à une corde pour monter. C’était la partie qui m’inquiétais car j’ai un peu le vertige, mais finalement c’est pas si difficile et c’est même un peu fun (il n’y a pas de ravin).

Puis on continue à monter. Ce ne sont que des rochers et du coup c’est épuisant, surtout à plus de 4000 mètres… Par contre on ne peut pas nier que les paysages autour de nous sommes grandioses !

Après 2h de montée, on arrive à un panneau indiquant le lac Churup. On croise quelqu’un qui descend et on lui demande avec espoir si nous sommes encore loin. La nana nous répond, avec un sourire compatissant, « Je ne vais pas vous mentir, oui« . Ok ! Elle a tué tous nos espoirs avec ça petite phrase 😅 Mais bon, on n’a pas fait tout ça pour s’arrêter maintenant, donc on repart. Et bien-sur, ça continue de grimper !

Nous sommes épuisés et devons nous arrêter à chaque fois que nous montons plusieurs rochers car nous n’avons plus de souffle. Il faut savoir qu’à plus de 4000m, il y a près de 40% d’oxygène en moins. Alors, bien que nos coeurs ne battent pas très vite, nous avons du mal à reprendre notre respiration.

On continue de monter à 2 à l’heure, comme de petits escargots. Un couple Français d’une cinquantaine d’années monte avec nous et on ne peut même pas parler car nous n’avons plus de souffle ni les uns ni les autres. Avec Jeff, on finit par se mettre de la musique pour se motiver ce qui nous aide à monter avec un peu plus d’entrain.

Nous avons le droit à un passage plat… qui ne dure pas plus de 100m avant de… remonter !! On vous l’a dit ou pas: on en peut up’ 😅

Alors on fait encore une pause pour profiter du paysage.

Avant de re-grimper ! C’est quand la fiiiiin ?

On continue encore et toujours, on ne lâche rien…

Jusqu’à arriver, 3h plus tard, au fameux lac Churup wouhouuuu !

L’endroit est très beau, mais je crois qu’on s’attendait à quelque chose de plus fou (surtout que c’est la rando la plus difficile qu’on ai jamais faite !). Le soleil, qui est censé rendre l’eau turquoise, n’est pas au rendez-vous et de gros nuages cachent les sommets enneigés. Pour couronner le tout, il se met à pleuvioter. Bref, on est fatigués et sûrement un peu ronchons 😅

Nous mangeons pour reprendre des forces, dans ce cadre qui est quand même magnifique.

Après 30-40 minutes nous repartons car nous savons qu’il y a pas mal de chemin à faire pour retourner au mini-van, qui ne nous attendra pas si nous arrivons après 15h.

La descente n’est pas facile non plus avec ces énormes rochers à descendre. Ça pique dans les genoux et les cuisses. Une fois de plus j’envie Jeff qui a son parapluie pour l’aider.

En marchant sur une motte d’herbe, je fais une jolie glissade et tombe sur le dos. Heureusement mon sac, remplie de nos doudounes, amortit ma chute. Plus de peur que de mal, je repars en rigolant mais aussi plus vigilante.

Comme, aussi bien Jeff que moi, nous avons mal à la tête, on s’enfile quelques feuilles de coca que nous mâchonnons avant de les caler dans nos joues. Nous sommes mi cervidés-mi hamster 🤣

Nous arrivons au passage « escalade », que nous passons sans difficulté.

Et là… il se met à pleuvoir. Ou plutôt à grêler, youpiii ! Là encore, j’envie Jeff et son parapluie. C’est un super investissement puisqu’il sert aussi bien de parapluie, que de bâton de marche ou encore à éloigner les chiens si besoin ahah

Jeff, qui n’aime pas la rando mais qui m’accompagne à chaque fois (souvent dans des plans foireux) me sort : « Je vais changer de meuf pour un brune aux yeux bleus qui ADORE la plage, et qui DÉTESTE la rando ! Oui parce que si tu n’étais pas là, jamais je ne serais venu ici. Jamais, jamais, jamais, JAMAIS !!! Surtout pour voir des couilloux ! » (oui parce que, à part quand nous nous arrêtons, nous devons constamment regarder nos pieds). C’est sa manière à lui d’extérioriser sa fatigue et de nous changer les idées en nous faisant rire. Et ça marche à chaque fois 🤣

Nous descendons et apercevons la cascade qui nous voyions au loin au début. On se rend alors compte que le lac Churup était en fait tout en haut et que nous avons grimpé tout ça ! (et plus encore, puisque nous ne sommes pas encore en bas). Bref, nous sommes des escargots qui avons quand même fait 3,5km en grimpant 600m de dénivelé, à plus de 4000m d’altitude 💪

Sur les derniers mètres, nous re-croisons les deux Français, et voyons que la femme s’est blessée en se tordant la cheville sur un des rochers… Sa cheville ressemble à un œuf, on est embêté pour elle, pour eux. Comme quoi, malgré la fatigue, il faut rester vigilant jusqu’au bout ! Ne pouvant les aider, nous continuons et arrivons au parking même pas 5 minutes après. Il est 14h40, et tous les autres marcheurs sont déjà dans le mini-van. Comme il ne manquait plus que nous, nous partons direct. Nous avons 1h de route, enfermés avec 9 marcheurs qui ont bien transpiré pendant 5h. Bref, autant vous dire que ça ne sent pas la rose là-dedans, mais plutôt le fennec 😅

Une fois déposés à Huaraz on va dans une pharmacie pour acheter du doliprane parce que nous avons tous les deux une sacrée migraine. On en profite pour se boire 1/2 L d’eau chacun car on se dit que notre migraine est peut-être dûe au fait que nous soyons déshydratés.

On s’arrête aussi dans un resto où on mange une bonne plâtrée de pâtes. Il est 15h30 et c’est notre premier vrai repas de la journée, autant vous dire qu’après un effort pareil ça nous fait un bien fou ! Comme on est gourmands on prend aussi un tiramisu et un café. Nous sommes repus et on se sent beaucoup mieux. Nous ne quittons pour autant pas le resto tout de suite car on s’est trouvé une occupation fort distrayante: regarder des vidéos de chiens ! 😂 Ouais je sais, c’est un peu (beaucoup) débile, mais nos cerveaux sont en mode « économie d’énergie » et ya plus vraiment de « gin-gin » là haut. Du coup, on se tape des fou-rire sur nos vidéos débiles, et ça aussi ça nous fait un bien fou !

Vers 17h on rentre à l’hôtel, on prend une bonne douche chaude, on masse nos jambes et pieds qui ont fait un sacré travail aujourd’hui. Ça a été une rando vraiment difficile tant physiquement que mentalement. Faire 3h de montée non-stop, en grimpant marche sur marche, avec un dénivelé de 600m, à plus de de 4000m d’altitude, et faire ces mêmes marches en sens inverse pendant 2h, je peux vous dire que c’est sacrément éprouvant. Une fois encore nous n’étions pas super bien renseignés (merci Madame de l’office du tourisme 😅), nous nous attendions à une rando beaucoup plus simple, donc nous n’étions pas prêts psychologiquement.

Néanmoins, une fois encore, je suis super fière de nous: malgré la difficulté nous n’avons rien lâché. On a continué, on s’est accrochés, on s’est dépassés. Et on l’a fait ! Ça donne confiance en soi, en ses capacités physiques, et en sa capacité à affronter mentalement ce qui est difficile. Je remercie mon corps qui m’offre l’opportunité de vivre des expériences pareilles, d’autres n’auront jamais la chance d’avoir la liberté ne serait-ce même que d’essayer. La petite phrase de notre ami, qui est d’ailleurs Péruvien, « t’as les jambes, c’est cadeau« , est revenue régulièrement dans ma tête, m’aidant dans les moments les plus difficiles. Parce que oui, tant que nous avons les jambes, et plus largement la santé, nous avons une sacrée liberté pour voir, faire, expérimenter. Et c’est une vraie chance ! 🙏

Cette rando est aussi une leçon pour moi. En effet, quand on évoque les difficultés ou les challenges à relever dans la vie, on utilise souvent la métaphore de la montagne à gravir. Aujourd’hui je l’ai gravi la montagne. Ainsi, à l’avenir, lorsque je serai face à un défi, je me remémorerai ce moment: malgré la fatigue et la quantité de marches à grimper, en étant déterminée, en marchant à mon rythme et un pas à la fois, je trouverai mon chemin et serai capable d’atteindre le sommet 💪

Voilà c’était le petit moment philosophique. Mais c’est aussi ça le voyage, et plus largement les expériences que nous vivons: il y a toujours quelque chose à apprendre, toujours une leçon à tirer 😊

C’est sur ces mots, fatigués mais positifs, que je clôture cet article, qui je l’espère n’aura pas été trop long pour vous. Dans le prochain, on vous raconte une autre randonnée de la Cordillère Blanche: le Lac Parón. Mais qui, cette fois, sera plus facile et qui va nous offrir une vue sur un lac à l’eau incroyablement belle ! On vous souhaite une belle journée et on vous bizowte vos faces 🥰