Comme je vous en parlais dans le dernier article, Salento est réputé pour ses emblématiques palmiers de cire, et c’est pour les voir que nous sommes ici. Aujourd’hui nous prenons donc la direction de la Cocora Vallée dans laquelle se dressent les incontournables palmiers de cire. Au programme, une marche qui va s’avérer être un véritable parcours du combatant, entre montées interminables, boue, glissades et pontons suspendus, il nous a fallut du courage mais on les a vu ! Alors sans plus attendre, pour vous qui êtes confortablement installés dans vos canapés, c’est parti pour une aventure épique à la découverte des palmiers de cire 🤪
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Ce matin, on se lève et la première chose que nous faisons c’est d’ouvrir les rideaux pour checker la météo. Comme on vous l’a dit, il pleut souvent ici et, partir en randonnée pour la journée sous la pluie, c’est pas vraiment le fun… Heureusement pour nous, il fait beau aujourd’hui !
À 7h, on descend pour prendre le petit déjeuner à l’hôtel, mais manque de pot, il y a un groupe de 10 qui a débarqué juste avant nous… On s’installe quand même, espérant que le service ne sera pas trop long car j’aimerai que nous nous mettions en mouvement vers 7h45 histoire de commencer la rando à la fraîche mais aussi pour éviter de marcher avec des groupes bruyants. Après 30 minutes à attendre sans être servis, Jeff voit que je suis en train bouillir sur mon siège et décide qu’il est mieux de partir sans petit déjeuner.
On marche en direction de la place du village, où nous nous achetons sandwiches et viennoiseries, avant de monter dans l’une des fameuses jeep.


Il est 8h et nous roulons tranquillement au milieu des champs en direction de la Cocoa Vallée, où nous pourrons admirer les fameux palmiers de cire.

On descend de la jeep, et on marche quelques mètres avant d’arriver à une petite guérite. Là, un monsieur nous demande laquelle des 2 randos nous voulons faire: les deux font 14km, mais l’une grimpe à pic en direction du sommet d’une montagne et est un aller-retour; tandis que l’autre est une boucle qu’il nous décrit comme étant plus simple et familiale. Nous ne réfléchissons pas longtemps: nous ne sommes pas de grands sportifs et nous n’avons pas envie de nous lancer dans une ascension, donc c’est parti pour la boucle “familiale”.
Nous nous engageons sur un chemin en terre, sous un beau ciel bleu et le sourire au lèvres. Le chemin est plein de roches donc il faut toujours regarder ses pieds pour éviter de trébucher.

Mais dès qu’on relève la tête, on en prend plein les yeux: nous sommes dans une vallée tellement verdoyante qu’on dirait presque qu’elle a été retouchée sur photoshop, et au milieu de laquelle commencent à apparaître les palmiers de cire !

Pour info, ces derniers sont les palmiers les plus hauts du monde, pouvant atteindre jusqu’à 70 mètres ! Leur tronc est recouvert d’une fine couche de cire, d’où leur nom, que les indigènes utilisaient pour fabriquer des objets et bougies avant l’arrivée des espagnols. Ces palmiers ne poussent que dans les Andes, notamment en Colombie et dans quelques régions du Pérou, où il y a beaucoup de pluie et de brouillard, et entre 2000 à 3000 mètres d’altitude. Ces palmiers mettent plus de 100 ans à atteindre leur taille maximale et ils peuvent vivre jusqu’à 200 ans. Bref, nous sommes face à de petites, ou je devrais plutôt dire grandes, merveilles de la nature 😍

Nous continuons notre marche et le mignon petit chemin se transforme très rapidement en gadoue-land… Le parcours du combattant commence ! Notre mission, réussir à avancer sans nous enfoncer dans la boue ou glisser. Parfois il y a des roches ou des rondins de bois pour nous aider, mais attention cela peut être un piège: nos chaussures sont rendues tellement glissantes, qu’il faut réussir à éviter la chute. On essaye tant bien que mal de garder l’équilibre et de ne pas trop salir nos chaussures, résultat on avance comme des escargots.




Jeff est blasé et râle. C’est vrai que lui, comme moi, nous ne nous attendions pas à ça. Et encore, nous sommes chanceux car il ne pleut pas, sinon nous serions littéralement en train de patauger dans la boue comme des cochons…
C’est d’autant plus dommage qu’on ne peut pas lever la tête de nos pieds. Et pourtant, ce qui nous entoure est magnifique !


Par moment, nous avons des portions de chemin sur lesquelles il est agréable de marcher, mais ça ne dure jamais plus de quelques minutes… et après c’est reparti pour de la bouette, comme dirait les Canadiens.

Après 1h de marche à deux à l’heure, nous nous enfonçons en forêt et longeons une rivière.

On se dit que ça va être peut-être plus facile. Mais que nenni ! Il y a un peu (je dis bien “un peu”) moins de boue, mais maintenant ça ne fait que grimper au milieu des roches et racines d’arbres. Il y a quelques descentes, mais elles ne sont pas plus faciles et elles veulent dire que derrière on va devoir remonter !





Nous avons quelques passages de plats et sans boue, mais c’est seulement sur des ponts suspendus sur lesquels tu dois passer un par un parce qu’on ne sait pas combien de temps ils vont restés suspendus 😅

Je regarde la carte de notre boucle et je suis désespérée en voyant que nous n’avons même pas fait la moitié… Jeff, quant à lui, fait l’autruche et ne veut rien savoir… On en vient à se dire que finalement l’ascension du volcan Acatenango au Guatemala n’était pas plus difficile et qu’au moins on savait à quoi s’attendre. Là on pensait faire une petite balade au milieu des palmiers et on se retrouve à faire un parcours du combattant. Bref, on en peut up’ 🤣
Là on repense au monsieur de la guérite qui nous a décrit cette rando comme “familiale” et ça nous fait rire (un peu jaune) en imaginant un gentil couple avec des enfants qui sont là pour une petite balade de santé en campagne. La réalité, c’est qu’après 300 mètres la poussette et les enfants seraient littéralement enfoncés et couverts de boue, et après 1h les gamins seraient en pleurs et les parents au bord du divorce ! Moralité, le mec s’est bien moqué de nous 😅
Malgré tout, au milieu de tout ça, il y a des petites merveilles de la nature qui attirent nos regards et nous invitent à nous arrêter pour les admirer.


Après 1h30 dans la forêt, on tombe sur un croisement qui nous pose un vrai dilemme: si on prend à gauche, on continue la boucle pour rentrer vite à la maison; et si on tourne à droite, il y a la maison des colibris, où nous pourrons nous reposer et admirer ces jolies petites créatures. Le problème, c’est que la fameuse maison nous fait faire un détour de 2km, alors que nous ne sommes pas encore à la moitié de cette boucle interminable, et qu’on est déjà au bout du rouleau…
Nous décidons quand même d’aller voir les colibris, en espérant que la petite pause que nous ferons nous requinquera. Cette fois, il y a beaucoup moins de roches à grimper, mais plus de gadoue. On est tellement fatigués qu’on a abandonné d’essayer de préserver nos chaussures et vêtements, qui de doute façon ne ressemblent plus à rien.

Après un bon 30 minutes de marche, on arrive enfin à destination et nous nous affalons sur un banc.
La plupart des gens autour de nous, semblent tout aussi fatigués. L’entrée de la maison aux colibris est payante et, dans le prix, est compris une boissons que nous savourons après tant d’efforts. Nous faisons la rencontre de deux français, Estelle et Quentin, qui vivent également au Canada et avec lesquels nous sympathisons. Ça nous change les idées et nous fait un bien fou. Après 1h à papoter et avoir mangé un morceau, nous sentons que l’énergie est revenue. Nous prévoyons avec eux, de nous retrouver le soir pour dîner ensemble et ils repartent. De notre côté, nous restons encore un peu pour admirer les colibris. Ces derniers sont nombreux à voler autour de nous, à une vitesse fascinante, avant de se poser pour boire un peu d’eau sucrée. C’est une vraie chance de les voir de si près !


Nous repartons, prêts à affronter le reste de cette randonnée qui n’aura pas notre peau ! On marche d’un bon pas, en parlant de tout et de rien, avec beaucoup plus d’entrain. Jusqu’à ce que… je me rende compte que nous nous sommes trompés et qu’au croisement, au lieu de continuer la boucle, nous sommes revenus sur nos pas. C’est un vrai coup pour le moral car nous cela nous fait facilement faire un détour de 30 minutes.
Une fois de retour sur le chemin de notre boucle, le chemin s’avère être une looooongue montée, avec de la boue en prime, sinon ça serait trop facile. On pense à ceux qui ont fait la boucle dans l’autre sens et qui ont dût tout descendre alors que ça glisse, et on se dit que certains d’entre eux ont dût finir les quatre pattes en l’air. Ça nous fait un peu relativiser ahah
Ça glisse tellement qu’on se trouve des batons de fortune pour nous aider à grimper. Les miens sont trop petits, mais au point où on en est, ils deviennent mes meilleurs alliés.

On sort de la forêt et on tombe sur une sorte de colline. Nous sommes crevés et elle nous paraît bien trop haute à gravir. On croise des gens qui nous disent qu’après ça c’est finit la montée et que le chemin sera plus facile. Alors on y va et on avance sans réfléchir, nous répétant parfois notre mantra « t’as les jambes, c’est cadeau ».

Une fois en haut, il y a une petite habitation qui propose des rafraîchissements. On s’assoit avec un coca, pour reprendre un peu d’énergie, tout en profitant de la jolie vue sur les montagnes.

Malgré tout de gros nuages noirs arrivent et on a pas envie de prendre une saucée. Ce serait la goutte de trop ! Oui, je sais, avec la fatigue je fais des jeux de mots pourris 😂
Cette fois le chemin est un vrai bonheur: un chemin de terre sans trous, sans roches et sans boue. Et cerise sur le gâteau: ça descend ! Bref, on est les plus heureux du monde.

Nous arrivons sur un point de vue, avec une vue dégagée sur la vallée et les palmiers de cire. On fait quelques photos, c’est quand même pour les voir qu’on s’est donné tant de mal.



Néanmoins, en les voyant de plus près, on se rend compte que les palmiers ne sont pas verts, mais gris.

En fait la plupart des palmiers de cire présents dans la vallée sont vieux et morts, ou presque. En nous renseignant, nous apprenons que cette espèce de palmiers est en danger d’extinction pour plusieurs raisons: pendant longtemps les habitants ont coupés les jeunes palmiers afin d’utiliser leurs feuilles pour des fêtes religieuses; et à cause de la déforestation pour l’agriculture et l’élevage. De plus, les bêtes, en piétinant le sol, tuent les graines à qui il faut presque 1an pour germer ainsi que les jeunes palmiers à qui il faut pratiquement 10ans pour commencer à développer leurs troncs… Heureusement, depuis 1985, les choses ont changé et les palmiers de cire sont maintenant protégés par la loi Colombienne.
Nous continuons notre marche et voyons, qu’un peu plus bas dans la vallée, les habitants de la région ont commencé à replanter de nombreux palmiers. Nous espérons de tout cœur que leurs efforts porteront leurs fruits car il serait vraiment triste que les palmiers de cire disparaissent de la Cocora Vallée, c’est tellement beau !

En nous rendant compte que nous sommes face à des palmiers morts, mais aussi parce que nous savons que nous avons bientôt terminé la rando, la pression redescend et Jeff craque son slip et me sortant que ça ne servait à rien de faire tous ces kilomètres car « on les voyait depuis le parking les palmiers ! Ou alors encore mieux, on aurait pu les voir sur google photo !! ». C’est moi qui l’ai poussé à faire cette rando et je pense qu’il ne va pas me suivre dans une nouvelle de sitôt 😂
Nous terminons donc notre boucle doucement, en profitant de ces immenses palmiers, nichés au milieu d’une vallée verdoyante, que nous sommes contents de voir de nos propres yeux.


Après avoir passé plus de 7h30 pour faire cette boucle de 14 km, nous montons dans une jeep qui nous ramène à l’hôtel. On se prend une douche brûlante pour nous débarrasser de la crasse, de la boue et de la fatigue. Nous passons ensuite la soirée en compagnie d’Estelle et Quentin, que nous serions vraiment heureux de recroiser au Canada ! Puis, on s’effondre littéralement dans notre lit et profitons d’un repos bien mérité.
Voilà c’est tout pour aujourd’hui. J’espère notre aventure aura au moins eu le mérite de vous divertir et que les paysages vous en auront mis plein les yeux. En tout cas, nous, on est pas prêt des les oublier ces palmiers ! 🌴
Aller, on vous bizowte vos faces et on vous souhaite une belle journée 🥰


